Rouge n°2254, 29/05/2008

La grève marque un point

 

À l’issue de neuf jours de grève, les sidérurgistes en grève ont obligé le groupe Arcelor-Mittal à revoir les dispositions du plan social associé à sa décision de fermeture de l’aciérie en 2009.

Alors que Sarkozy faisait le clown à l’usine avec des promesses de charlatan, Mittal ficelait son plan de 575 suppressions d’emplois, sans trop de vagues. La sidérurgie a été, depuis le début des années 1970, une formidable machine à engraisser le patrimoine de quelques familles. Des De Wendel au baron Seillière hier, jusqu’à Mittal aujourd’hui, les gouvernements ont toujours contribué à leur enrichissement et il était naïf de croire qu’avec Sarkozy, les choses allaient changer.

La grève a été décidée à l’initiative des jeunes ouvriers (lire Rouge n° 2253). Soutenue par la CGT, l’assemblée générale avait décidé de bloquer tous les accès et, pendant neuf jours, la production a été totalement paralysée par la présence d’un piquet de grève permanent.

Au même moment, plusieurs centaines de salariés de Gepor, la filiale logistique du groupe, se sont également mis en grève. La direction a agité la menace d’intervention policière et elle a également tenté d’opposer les salariés entre eux, en diffusant des informations sur une éventuelle fermeture totale du site et l’abandon possible des projets d’investissement, annoncés sur la région par le groupe. Le directeur s’est déplacé avec ses sbires endimanchés pour une discussion improvisée avec le piquet de grève, assortie de promesses sans garanties.

Mais, face à la détermination des grévistes, la direction a finalement accepté de revoir son plan au cours d’une négociation avec toutes les organisations syndicales. Les grévistes ont arraché une offre de reclassement supplémentaire, le maintien du salaire pendant deux ans et un dispositif permettant aux plus de 56 ans de rester employés sur le site à temps partiel tout en étant payé à temps plein. La nouvelle organisation du travail sera également revue. Sur ces bases, l’assemblée générale des grévistes a voté la reprise. Au même moment, les ouvriers de Gepor obtenaient également l’attribution de repos supplémentaires et une revalorisation des salaires. Compte tenu du rapport de force – seule une partie des ouvriers était en grève – les acquis ne sont pas négligeables. Depuis de nombreuses années, les traditions de lutte étaient éteintes dans la sidérurgie lorraine et le fait que de jeunes ouvriers obligent Mittal à rabattre un peu son caquet est encourageant pour l’avenir.