Rouge n°2237, 31/01/2008

MITTAL-GANDRANGE
Riposte en grand

La riposte s’organise après l’annonce, par Arcelor-Mittal, d’un plan de fermeture à Grandrange (Moselle).

L’usine de Gandrange emploie près de 1 100 salariés. 600 emplois sont programmés à la casse, comme l’a confirmé Mittal lui-même, à l’Élysée, le 28 janvier. Pour les salariés de cette entreprise, qui s’étend sur 300 hectares et où ont travaillé jusqu’à 7 000 personnes, il est clair que c’est l’existence même du site qui est en jeu. Avec les sous-traitants, ce sont immédiatement 1 200 emplois qui seraient perdus. La colère gronde dans les vallées de l’Orne et de la Fensch. Trois jours de grève, une AG de 1 000 personnes et un rassemblement de 700 au siège d’Arcelor-Mittal à Luxembourg ont ponctué ce mois de janvier. Samedi 9 février sera un grand jour de manifestation et l’on peut parier que la mobilisation sera forte. L’intersyndicale CFDT-CGE-CGT (la CFDT est majoritaire) y travaille d’arrache-pied.

Cela fera 100 000 emplois supprimés en 40 ans dans ce pays du fer qui, aujourd’hui, n’emploie pas plus de 10 000 salariés dans la sidérurgie. L’écœurement le dispute à la légitime colère. De de Wendel à Mittal en passant par Sacilor et Arcelor, c’est toujours la destruction massive d’emplois. Pourtant, en dix ans, la production mondiale a augmenté de 75 %.

Revenons sur le premier semestre 2006 des actionnaires d’Arcelor. En juin, ils ont fini par trouver un « accord acceptable » avec leur « ennemi juré » de janvier, « l’Indien Mittal ». Il est vrai que celui-ci avait, au fil des semaines, fait grimper l’action Arcelor de 90 %. Jackpot pour eux, donc. « Avec Mittal et son implantation mondiale, d’importantes synergies et économies d’échelle sont possibles » : tel est le message qui a accompagné l’absorption. 18 mois plus tard, c’est la casse de Gandrange, le capitalisme dans toute sa brutalité.

La propriété publique, collective d’une telle entreprise sous contrôle démocratique, voilà une question incontournable. Toute la discussion autour du plan alternatif à celui de Mittal s’y heurte constamment, sans oser l’aborder. Pour battre la rapacité des actionnaires, il faut d’autres arguments que ceux de l’expertise de gestion.

Les gesticulations de Sarkozy ne sauraient nous tromper : il est à 100 % dans le camp des actionnaires. Fillon, Lagarde et Longuet ont d’ailleurs vendu la mèche : « Mittal est propriétaire, il est légitime pour décider […] D’ailleurs, tout le monde sera recasé à Florange ou au Luxembourg. » Rien n’est moins sûr. Quant à Masseret, président PS de la région, il « conteste la décision d’Arcelor Mittal » le 18 janvier. Mais, dès le 22 janvier, il « demande à l’État de nouvelles zones franches ». C’est dire combien il croit en la possibilité de gagner la bataille qui s’engage !

La LCR, lors de son congrès, a réaffirmé sa solidarité avec les salariés et la population en lutte. Les militants lorrains et luxembourgeois sont totalement impliqués dans la réussite de la manifestation du 9 février.

Correspondant