Rouge n°2238, 07/02/2008

Sarkozy gesticule

A l'issue de la rencontre à Paris entre les syndicats d'ArcelorMittal - Gandrange et Sarkozy, celui-ci s'est  déplacé  en Moselle sur le site du groupe sidérurgique qui a annoncé la suppression de près de 600 emplois pour 2009. Pour reprendre l'initiative sur un  terrain social  miné par le mécontentement, cette  visite éclair le 4 février  était  assortie de conditions. Sarkozy voulait  une usine en activité et non en grève, sans accueil hostile et sans vexation de la part des sidérurgistes. Pas question pour lui de renouveler les précédentes déconvenues chez les  marin pêcheurs et les cheminots à l'automne dernier. Les syndicats étaient prévenus,  et seule la CGT  appelait des délégations d'autres entreprises à se rassembler. Maintenu  devant le portail de l'usine par un cordon de police, ces salariés n'ont pas pu se joindre au meeting organisé au sein de l'usine. Après une visite rapide du site en compagnie de la direction,  Sarkozy a pris la parole devant les sidérurgistes pour affirmer l'engagement de l'Etat dans  une solution industrielle qui pérennise  les emplois avec le groupe actuel où avec un repreneur. Cette orientation volontariste,  avec un investissement financier dans l'outil de production,  apparaît comme un grand écart par rapport aux normes libérales dominantes. Elle peut faire  diversion en jetant le trouble chez les salariés. Si les responsables des syndicats ont plutôt apprécié le propos en positivant cet espoir ténu, la plupart des sidérurgistes restent sceptiques.Ils  attendent des mesures concrètes, échaudés qu'ils sont depuis longtemps par  «  des promesses qui n'engagent le plus souvent que ceux qui les croient ».  Le groupe sidérurgiste Mittal qui  réalise suffisamment de profits pour financer lui-même ses investissement, n'a  pris aucun engagement, si ce n'est celui de geler le plan jusqu'en avril en attendant le contre projet industriel du cabinet d'expert mandaté par le comité d'entreprise. Pendant ce temps, dans l'usine de Gandrange, la Direction s'emploie à proposer des reclassements et une réduction des équipes de travail à l'aciérie dès juillet 2008. Dans ce contexte, la journée de mobilisation et de manifestation des salariés et des populations des bassins de la sidérurgie de la Moselle organisée samedi 8 février, est une étape importante pour élargir un rapport de force en faveur du maintien des emplois sur le site de Gandrange.