Rouge n°2247, 10/04/2008

Sarkozy et Mittal complices

Les quelques mesures d’accompagnement proposées par Nicolas Sarkozy, lundi 7 avril, ne changent rien au fait que le plan de restructuration du site de Gandrange d’Arcelor-Mittal va être appliqué dans sa totalité. Il s’avère que les promesses faites par le président, lors de sa venue sur le site en février, n’étaient que du vent visant à endormir les salariés.

À Gandrange (Moselle), sur le site Arcelor-Mittal, le plan de suppression de 595 emplois directs sur les 1 100 existants actuellement a été confirmé lors du dernier comité d’entreprise, la semaine dernière. L’aciérie ainsi qu’un laminoir vont être fermés en 2009. À l’appel de la CGT, une centaine de salariés s’étaient invités à la réunion, mais les portes étaient bouclées et même les élus CGT n’ont pu pénétrer dans la salle pour entendre l’annonce officielle, par la direction, de la confirmation du plan. Lundi 7 avril, Sarkozy a reçu les syndicats de Gandrange, à l’Elysée, pour se faire le porte-parole du groupe industriel avec l’annonce de quelques mesures d’accompagnement : un investissement ultérieur pouvant créer 124 emplois, l’engagement de reclassements sur d’autres sites, en Moselle et au Luxembourg, des engagements sur un centre de formation, ainsi que des études de faisabilité concernant le maintien des autres activités sidérurgiques sur la région, au-delà de 2012.

Cette dernière promesse ne se réaliserait que « si la conjoncture économique le permet ». Pour certains responsables syndicaux, ce plan « limite la casse », mais les mêmes déclarent que « ce sont des promesses faciles pour Mittal, car la vérité de 2012 ne sera pas forcément celle de 2008. » En effet, la vérité pour les salariés n’est jamais la même que celle du capital. Le secrétaire d’État à l’Industrie assure que « personne ne sera laissé sur le carreau ». Cependant, près de 500 intérimaires de la sidérurgie vont subir directement les effets de ce plan et, pour eux, il n’y aura aucun reclassement. Il en sera de même de tous les salariés de la sous-traitance, particulièrement oubliés lors de toutes les restructurations. Dans l’usine de Gandrange, les procédures de reclassement et les entretiens individuels n’ont jamais cessé, malgré l’annonce de la suspension du plan sur une période de deux mois en février. La vérité, c’est que les sidérurgistes se sont fait balader depuis la prestation de Sarkozy, lors de son « meeting » à l’usine. Toutes les histoires de contre-plans industriels, élaborés sous tutelle syndicale en lien avec des cabinets d’experts, n’ont été que de la poudre aux yeux pour occuper l’espace social et les délégués pendant que Mittal ficelait son plan, en collaboration avec le gouvernement, jouant astucieusement sur les divisions intersyndicales. Dès l’annonce du plan en janvier pourtant, la mobilisation des salariés avait été massive et aurait peut-être permis d’organiser une véritable riposte d’envergure avec les autres usines de la sidérurgie, et en coordination avec les autres entreprises menacées de la région. La stratégie de l’expertise a cantonné les salariés dans un rôle de spectateur et a ainsi facilité la mise en œuvre du plan Mittal.

Le climat est très défaitiste à Gandrange. La division syndicale et les effets de la désorientation idéologique du mouvement ouvrier ont permis à la direction de marquer des points décisifs. Mais, bien que le dernier appel à la grève, lancé par la seule CGT le 4 avril, n’ait été que faiblement suivi, un noyau militant reste disponible pour la lutte, et il est possible que les sidérurgistes n’aient pas dit leur dernier mot.

Correspondant